samedi 3 octobre 2015

Keep moving, keep left



Chers tous,

Il y a exactement un mois à l'heure où j'écris ces lignes, j'ai décidé de m'expatrier - encore. Mais cette fois, dans un pays où l'on parle anglais sans l'accent américain...

Sur Marion en V.O, vous avez pu lire mes découvertes, mes obsessions, mes incompréhensions, les hauts, les moins hauts... tout ce qui a fait ma vie à New York. Et puis, je suis rentrée. C'est le récit de mon licenciement "comme dans les films" qui a été le plus lu et commenté. J'ai été contactée par une charmante journaliste qui m'a interviewée comme une vieille amie pour un magazine. J'ai récemment encore été sollicitée par une présentatrice RADIO, qui ne m'a ensuite plus jamais donné de nouvelles car "on ne fait que des interviews DE VISU". Mais ce n'était qu'un des articles du blog, qu'une infime fraction de mon expérience dans la grosse pomme. Je m'en suis remise. Cet été je suis même retournée sur mon ancien lieu de travail lors d'un "voyage" à New York. L'eau coule sous les ponts, le temps adoucit la peine, blah blah. OK, mais en V.O, on dit "distance makes the heart grow fonder". Le manque est toujours là. Si vous suivez ce blog et ses déclinaisons sur les réseaux sociaux, vous savez que, comme le chante Ryan Adams : "I'll always love you though New York". Quand je suis partie il y a bientôt trois ans, je suis montée dans l'avion avec 100 kilos de bagages pour un one way trip. Je me suis promise que ce n'était qu'un au revoir. Mes grosses valises ont trouvé leur place à Paris, moi un peu moins. Je ne sais pas si j'ai jamais vraiment atterri.

En France, j'ai investi ma nostalgie dans mon quotidien, because there are some things I just cannot live without! Je suis toujours abonnée à New York Magazine ; j'ai appris à faire des bagels maison ; je bois du cold brewed iced coffee et de la Brooklyn Lager ; les seules additions récentes à la déco de mon appartement sont des Mason jars géantes ; je suis obsédée des podcasts Heritage Radio Network ; mon appli favorite pour iPad est Netflix, et donc je regarde beaucoup, beaucoup de séries TV new yorkaises - on en reparlera. J'ai aussi, et surtout, retrouvé ma famille et mes amis qui m'ont donné l'espace pour essayer de reprendre mes marques ; qui ont joué le jeu des repas de Thanksgiving à Paris et des BBQ en Bretagne ; qui m'ont offert des vacances à New York inoubliables (parce que revoir ses amis là bas et redécouvrir la ville sous un autre jour, ça n'a pas de prix) ; qui m'ont souvent dit "tu sais Marion, Paris c'est pas mal", mais qui n'ont jamais corrigé mon franglais. J'en profite pour vous dire MERCI, vous vous reconnaîtrez.

Mais je n'ai pas repris la plume sur ce blog pour vous parler de New York. Je vous emmène à Londres ! Mon nouveau chez moi qui partage plusieurs traits fondamentaux avec la grosse pomme : Whole Foods, Brooklyn Bowl, le resto Balthazar (copie confirme de celui de Spring St.), les hipsters, les petits déjeuners copieux, les joggers du dimanche (et du lundi, et du mardi...), les loyers exorbitants. Et surtout, qui a un gros avantage. Au moment même où la crise des réfugiés faisait la une des journaux, au moment même où je commençais à lire Americanah, une histoire de Nigériens immigrants plus ou moins légaux, je suis arrivée à la Gare du Nord avec mon passeport encore remplis de visas US, j'ai souri à l'agent des douanes qui m'a fait un compliment et qui ne m'a pas demandé si j'allais au Royaume Uni pour des vacances ou pour chercher un travail, et j'ai traversé une frontière, tout simplement. En espérant que cela diffuse la question inévitable (et compréhensible) : Pourquoi tu n'es pas repartie à New York ? Premièrement je dirais, comme Ernest à Célestine, "La pluie n'a jamais tué personne". J'ajouterais, comme dirait la tortue au lièvre "Rien ne sert de courir ; il faut partir à point". Vous voyez, j'ai beau être obsédée par la culture anglo-saxonne, je n'ai pas oublié les classiques de la littérature français (même si apparemment je n'ai pas retenu grand chose passé le CM2).

Me voilà donc embarquée dans de nouvelles aventures, à la découverte des us et coutumes d'un pays si proche, et si lointain. Mind the gap, débarquement immédiat sur Marion en V.O, avec l'accent British. It´s been too long, innit?

Alors j'ai déjà beaucoup de choses à vous dire mais, par souci d'efficacité, et pour publier des billets plus souvent sur ce blog, je ne vais pas tout vous raconter maintenant. Commençons simplement par un petit exercice de lost in translation.


Car l'une des premières choses qui m'a frappée ici c'est l'impression de devoir re-apprendre une nouvelle langue alors que je maîtrise déjà l'anglais (l'américain). Il y a d'abord la question de l'accent. Certes, j'ai encore parfois du mal à comprendre à 100% ma tante irlandaise au téléphone. En revanche, plus aucun problème avec les cousins de ma génération, nous sommes sur la même longueur d'onde (même/surtout) après ingestion de multiples Guinnesses. Je pensais donc que j'étais prête à traverser la manche, mais ces premières semaines à Londres me donnent l'impression de faire marche arrière vers un temps où mon anglais n'était pas aussi fluent, et c'est un peu frustrant. Comme cure de rattrapage je vais regarder Downton Abbey, sans les sous-titres en anglais, après je passerai à Snatch. Et puis le vrai test ce sera d'aller voir de la stand up comedy ici. Si je maîtrise un jour l'accent, les référents culturels, ET l'humour local, je pourrai ajouter une quatrième langue sur mon CV, le britannique !

Par contre j'aime le fait que les gens n'arrivent pas à me placer. Comme mon anglais a des échos d'accents français et américain, aux US on devinait que j'étais française (mais mes interlocuteurs s'empressaient d'ajouter "Your English is so good!"). Ici les gens sont plus confus, surtout si je précise que je suis franco-irlandaise.

Pendant cette phase d'adaptation, j'ai donc commencé à prendre quelques notes to self, je pense que c'est rendre un grand service à la blogosphère, que de les partager ici. So, here we go.

A New York on dit : "Hello, how are you?" (éventuellement "Wassup?")
A Londres on dit: "Hello, you alright?", du coup j'ai l'impression qu'on pense que j'ai tout le temps l'air fatiguée ou malade. Mais non, je vous rassure.

A New York on dit : "Would you like some dessert?".
A Londres on dit: "Would you like some pudding?", du coup j'ai l'impression qu'ils ont oublié le crumble, le carrot cake, le cheesecake etc. Mais non, je vous rassure.

A New York on dit : "I was laid off."
A Londres on dit: "I was made redundant." Bon, dans les deux cas ce n'est pas une bonne nouvelle. Mais non, je vous rassure (j'ai un job !).

A New York on dit : "Amazing!!!"
A Londres on dit: "Brilliant" ou "Smashing" (mais sans point d'exclamation).

Et les deux qualificatifs sont un bon résumé de mes premières semaines ici, alors je vous laisse sur ces belles paroles et vous retrouve très vite. En attendant je vais aller manger un "proper" burger et boire une "honest" beer. Cheers!

Retrospective "Keep moving, keep left" :
Dirty Pretty Things (Stephen Frears, 2002)
This Is England (Shane Meadows, 2006)
The Tunnel (série TV UK)

2 commentaires:

  1. Si tu as l'occase de partager tes séries netflix qui se passent à New York, n'hésite pas. Je viens de rentrer, je suis un tantinet en bad.
    Thanks =)

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    Réponses
    1. LA série to cheer you up: Unbreakable Kimmy Schmidt! Bon courage;)

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